Loi sur le Séparatisme

Loi sur le Séparatisme
Contribution au débat concernant le projet de loi n°3649 confortant le respect des principes de la République. Ces tendances séparatistes qui irriguent les protestantismes contemporains… Le projet de loi confortant le respect des principes de la République retient toutes les attentions des organisations religieuses et de la Fédération Protestante de France (FPF) en particulier. Nous constatons que notre pays demeure coutumier d’une activité législative importante. La croyance selon laquelle les problèmes se résolvent par la loi reste très présente. La FPF a réalisé un travail d’analyse conséquent et propose des amendements tout en invitant ses églises, œuvres et mouvements à relayer son discours à travers des initiatives locales appropriées. Il est parfaitement judicieux de rappeler à l’État qu’il n’a pas vocation à tout contrôler, réglementer et que la liberté de conscience est un marqueur essentiel des régimes démocratiques. La liberté de croire ou de ne pas croire est fondamentale pour peu que l’on soit un défenseur d’une approche politique libérale. La liberté d’organisation des cultes est incontournable pour structurer l’expression de la foi des fidèles. Pour faire écho à Michaël Fœssel, philosophe qui se reconnaît dans une filiation chrétienne, l’intime est la part de l’existence sur laquelle ni l’État, ni la société, ni même la médecine ne devraient avoir autorité (Le Monde, 31 décembre 2020). Nous pourrions aisément compléter la liste en y ajoutant les religions. J’assume cette proposition toute personnelle. Bien entendu, comme toute organisation la religion est dans l’obligation de se doter de règles, rites et dogmes, pour employer un langage connoté. Ainsi, le culte transcende le cadre de l’intime et entre dans le champ du politique. Il n’est pas illégitime alors que l’État s’intéresse aux logiques organisationnelles des mouvements religieux. Michaël Fœssel estime que l’intime est également politique et même nos concitoyens qui ne partageraient pas cette approche accepteraient certainement l’idée que la gestion de l’intime par les cultes structure potentiellement une société et un projet de civilisation. L’influence croissante des milieux évangéliques au sein de la FPF, l’autorisation de la double appartenance avec le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) et la concurrence de cette seconde organisation nous conduit à constater que l’intime religieux en protestantismes est de plus en plus politique. Une morale conservatrice s’impose de jour en jour à travers des silences sur les questionnements autour du début et de la fin de vie et des pratiques discriminatoires concernant les orientations sexuelles s’affirment. Certes les églises luthéro-réformées sont épargnées par les replis identitaires mais leur influence est déclinante au sein des protestantismes français. Seule leur contribution financière reste essentielle, ce qui n’est pas neutre. La problématique autour de l’accueil des étrangers et la place accordée aux migrants ne doivent pas servir d’alibi pour interdire le débat sur les séparatistes qui irriguent les protestantismes contemporains. Le projet de loi actuel mérite certainement d’être amendé et il le sera très probablement. Pour autant la FPF ne peut pas s’épargner une réflexion sur sa stratégie et ses pratiques car la question des séparatismes ne lui est pas étrangère. Au début des années 2000, elle réclamait à cor et à cri une relecture de la loi de 1905 et des textes réglementaires concernant les associations confessionnelles… Elle a fini par obtenir satisfaction.

L’auteur: Pasteur Pascal TRUNCK

Pour aller plus loin : https://www.youtube.com/watch?v=cMZqc2zaqjM

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