L’Évangile, une cause sans avenir ?

L'Évangile, une cause sans avenir ?
Sociologiquement parlant, dès le début la cause de Jésus-Christ est une cause perdue. Elle n’a aucune chance, aucun avenir. C’est ce qu’on nous laisse entendre aujourd’hui. La foi, l’Église, le christianisme… c’est une affaire de vieux, de rêveurs, de gens qui ne sont plus dans le coup. Cela n’a plus aucun avenir, parce que le look n’est pas terrible et que cela n’est pas attirant. Les jeunes, les gens qui ont de l’influence… ils sont ailleurs. Et les Églises disent souvent la même chose. Elles dépriment. Ce matin, je voudrais que nous nous désintoxiquions un peu de cette pensée. Souvenons-nous d’abord que, dès le début, Jésus n’a pas été accueilli par une masse de gens, et qu’il en a toujours été de même, même quand les églises étaient pleines. Et c’est normal, parce que son message conteste trop la mentalité humaine pour être accepté par la majorité :  » Il sera un signe de Dieu, mais les gens le rejetteront », dit Siméon. Ensuite, son choix a toujours été d’être accueilli et représenté par des gens sans prestige et sans influence. Dès le départ, d’un point de vue raisonnable, l’Évangile a été une cause sans avenir. Et c’est le choix de Dieu. L’Église ne maintiendra pas l’Évangile dans le monde si elle a beaucoup de jeunes et si elle est attirante, mais si elle est fidèle dans son obéissance, dans son service et dans son espérance. Et même là où sa fidélité est une fidélité de personnes âgées peu nombreuses et sans influence, Dieu bénira cette fidélité et lui donnera un avenir, comme il a béni la fidélité de Siméon et d’Anne. Je ne veux pas dire qu’il faut se désintéresser des jeunes, mais je pense souvent qu’à force de pleurer sur l’absence des jeunes et de la foule dans l’Église, nous sous-estimons la fidélité des anciens et la fidélité de ceux qui sont là. C’est presque comme si leur présence et leur témoignage ne comptaient pas. Or les Siméon et les Anne, et aussi les Joseph et les Marie qui sont dans les communautés chrétiennes disent à ce monde que Dieu est présent au milieu de lui, qu’il n’agit pas de manière spectaculaire et qu’il faut savoir le discerner. Ils disent aussi que cela vaut la peine de vivre avec lui dans la persévérance du service et de l’espérance, à travers les déceptions, les épreuves et les humiliations de l’existence, et que la vraie vie est là, et non ailleurs. Nos communautés, telles qu’elles sont, sont aussi un signe de contestation. Et même si, comme pour Anne et Siméon, personne ne prête attention à leur message, il est important qu’ils soient là.
Exrait d’une prédication de Alain Arnoux
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