Il est ressuscité ! Nous sommes des ressuscités avec lui.
Chers paroissiens, chères paroissiennes, chers frères et sœurs,
Que la grâce et la paix du Christ ressuscité soient pleinement avec vous.
Après les sombres nuits hivernales, en cette semaine sainte, nous sommes une fois de plus plongés dans les bas-fonds de l’obscurité de la mort. Cette mort la plus ignoble que pouvait subir un homme. Une innocente mort par crucifixion. C’est sans doute la mise à mort la plus cruelle jamais infligée.
Certains historiens estiment que les Romains réservèrent ce châtiment aux coupables convaincus de meurtre, de rébellion ou de vol à main armée ; encore fallait-il qu’ils fussent esclaves, étrangers ou autres parias.
Et pourtant, c’est bien de cette mort que mourut le Nazaréen, Jésus, « le juste » selon les mots de Pilate (Mathieu 27 :24). Pour la foule et surtout pour les chefs religieux, cet homme de Nazareth est un intrus, estimé transcendant, qui ne se fait que trop présent dans la vie de la cité, trop présent dans la chose religieuse, trop présent jusqu’à devenir gênant. Pourquoi ne se cantonne-t-il pas à ce qui le regarde et ne nous laisse-t-il pas tranquilles ? Tels sont les sentiments d’irritation qui habitent ses contemporains, mais aussi qui nous habitent.
À nos préoccupations, Jésus n’a aucune peine à répondre que nous sommes précisément « ce qui le regarde » et qu’il n’a pas du tout l’intention de nous laisser « tranquille ». C’est justement cela le paradoxe de la croix « la fin où tout commence ». Crucifiez-le ! N’est-ce pas le prix de la liberté de Barabbas le criminel ? En mourant à la croix, le Christ nous rend libres pour la vie, ou devrais-je plutôt écrire « pour la Vie », une Vie qui triomphe de toute mort. Une vie au service de la Vie, une vie de serviteur.
Car Christ est mort pour nos péchés (1Co15 :3), nous dit l’apôtre Paul, mais maintenant, il est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts, ajoute-t-il (1Co15 :20). Il est ressuscité ! C’est une explosion de joie pour l’Église, pour vous et moi, car l’obscurité de la mort n’est plus le dernier mot de l’existence humaine. Ainsi, nous pouvons chanter avec force : Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ?
Il est ressuscité ! C’est aussi une confession de foi. Mais la foi, qu’est-ce donc ? La foi, disait Henri Guillemin, n’est rien, n’existe pas, si elle ne s’accompagne d’un regard neuf sur la vie et l’emploi de la vie, d’une disposition fondamentale de l’être éveillé, renouvelé, d’un départ intérieur aussitôt traduit en actes. La foi n’est pas un savoir, c’est la confiance en une Parole qui nous met debout, qui nous relève, qui nous ressuscite.
Et Dieu sait combien nous avons besoin d’une parole qui nous mette debout, surtout en cette triste période pandémique. La bonne parole, l’évangile que je vous annonce aujourd’hui, n’est rien d’autre « qu’il est ressuscité ! » Noire vision, celle de Golgotha ; radieuse, celle d’Emmaüs, où le ressuscité fait chemin avec nous, à nos côtés, partageant nos histoires de vie, nos parcours divers et complexes, et nous partageant son pain, le nôtre.
J’aime cette formule du théologien François Xavier D. : « En ressuscitant, Jésus quitte le tombeau, mais ne sort pas du mystère de sa mort ». Il garde les blessures de la passion, jusqu’au dernier Jour (Apocalypse1 :7), comme pour nous (re)dire qu’il est le Seigneur toujours présent, pour partager la fragilité et la finitude de l’humanité qu’il aime tant. Il est chaque jour avec vous, malgré les tempêtes que vous semblez peut-être traverser.
Joyeuse fête de Pâques et prenez bien soin de vous !
Bien fraternellement,
Le pasteur, Maximilien Luzeka
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