Deuxième lettre de l’Avent : la bougie de la tendresse
Que la grâce et la paix du Christ soient avec nous tous. Après avoir allumé la première bougie, la bougie de l’espérance, afin d’entrer en cette période de l’avent avec audace, je nous propose pour la deuxième semaine de l’avent d’allumer la bougie de la « tendresse », une tendresse bouleversante. Étonnant n’est-ce pas ? Et pourtant, s’il est quelque chose qui caractérise l’avant Noël, c’est bien le bouleversement. De l’annonciation à la naissance du roi dans une mangeoire, du voyage des mages à l’émerveillement des bergers, du chant des anges à la fureur d’Hérode… tout est bouleversement. Par contre, il y a aussi un tout autre bouleversement, toujours d’actualité et toujours déstabilisant, c’est l’annonce d’un Dieu qui se lie solidement à l’humanité, un Dieu qui fait cause commune avec les humains, un Tout-Puissant qui se fait tendre, un Dieu qui devient homme.
On m’a raconté une histoire qui, semble-t-il, est vraie, vécue par un médecin de campagne.
Un soir, il est appelé en urgence, dans une ferme éloignée. Un jeune homme de 17 ans, orphelin, avait été recueilli par une famille de paysans. Mais il ne recevait pas beaucoup d’affection, encore moins de tendresse. Ainsi, personne ne l’avait jamais embrassé. Utilisé comme un domestique, il n’en pouvait plus dans sa solitude intérieure. À bout de courage et d’envie de vivre, il avait avalé un litre d’un violent produit pour détacher les habits. À son arrivée, le médecin l’a trouvé dans sa petite chambre sous le toit, hurlant de souffrance : « Aidez-moi à mourir ! ». Tu veux vraiment mourir ? lui demanda le médecin sans perdre son sang-froid. « Oui, je veux mourir », répondit le jeune. Alors le médecin retourna l’adolescent, le prit dans ses bras, le serra contre lui et l’embrassa. Alors, il se passa quelque chose d’inouï. Au quart de seconde, le garçon a regardé le docteur et lui a dit : « Vous croyez que je vais m’en sortir ? »
Il avait suffi de la tendresse du médecin pour que, d’un coup, s’ouvre à lui un monde dont le désir brûlait plus profondément que le poison qu’il avait avalé.
Vrai miracle de la médecine sans doute, mais plus encore vrai miracle de l’amour, et le jeune fut sauvé.
Ne sommes-nous pas si souvent comme ce garçon ? Nous savons si peu, sinon si mal ce que signifie être aimés ; être aimés pour ce que nous sommes et non pour ce que nous faisons ou pas.
L’avent, c’est ce temps de retournement où Dieu fait le choix de se dévoiler à nous comme le Dieu de la proximité, l’Emmanuel toujours proche, Dieu au milieu de nous. Le transcendant qui se fait l’hôte, celui qui vient et celui qui accueille à la fois. À Noël, Dieu nous dit : « je me fais tout petit enfant au milieu de vous, pour que vous puissiez me prendre dans vos bas, me donner votre tendresse, si pauvre soit-elle. »
Alors se produit un bouleversement, en Jésus la puissance de l’amour de Dieu m’envahit soudainement et sa tendresse me couvre.
« Quelle douce faiblesse, quel joli sentiment, ce besoin de tendresse qui nous vient en naissant… vivre sans tendresse le temps nous parait long… sans la tendresse l’amour ne serait rien » chantait Bourvil.
Dieu fait le choix de nous aimer tels que nous sommes, qui que nous soyons ; il nous aime au point de devenir semblable à nous, et se laisser aimer par nous, non comme un Dieu lointain, tyran et tirant les ficelles de la providence… mais comme un enfant que l’on serre dans ses bras, comme un père ou une mère qui chérit son enfant, comme un ami qui se lie solidement à nous, pour la vie et pour la mort, indissolublement lié, comme un être aimé qui fait une seule chair, un seul cœur avec nous et en nous pour toujours.
En cette deuxième semaine de l’avent, laissons jaillir en nous amour et tendresse afin qu’advienne réellement au cœur de nos vies le Dieu Tout-Autre. Un Dieu fragile et désarmé, qui n’a rien à donner que son amour gratuit.
C’est cela notre Dieu : non pas une menace, non pas une limite, non pas un interdit, non pas une vengeance, mais l’Amour agenouillé qui attend éternellement le consentement de notre amour sans lequel le Royaume de Dieu ne peut se constituer et s’établir… Tout le contraire de ce que l’on imagine. Bref, un Dieu qui bouleverse notre monde et sa logique. »
Je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je t’attire par l’affection que je te porte. (Jérémie 31 :3)
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